24/10/2017
CONNAISSEUR
« Quant à Haas (modèle de Swann), lorsque Saint-Maurice lui montra une de ses nouvelles acquisitions, une horrible toile italienne, toute noircie, et lui demanda : "À qui l'attribuez-vous ?" Haas de répondre : "À la malveillance..." »
in Hippolyte Wouters,
L'humour du côté de Chez Proust,
Éditions Glyphe, 2016, p. 28.
Les lectures de Roberte Roberte.
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21/10/2017
VOUS PRENDREZ BIEN UN PEU D'ESPOIR ?
« Au moment où je sors du parking de la place Francheville et me dirige à pied vers les Archives […] je passe près de deux SDF assis par terre en très piteux état, sales, croûteux et décharnés, l’un est pieds nus, l’autre s’est pissé dessus – une femme d’une quarantaine d’années, en blouson rose, est penchée vers eux, leur tend quelque chose, je ralentis, je m’arrête même malgré moi. Je n’aime pas dire que « le monde est devenu fou », mais parfois, quelques psychotropes ne lui feraient pas de mal, ou deux baffes. Cette femme leur offre deux tickets de jeux à gratter, des Cash, à 5 euros pièce. D’un côté, c’est vrai, ils ont une chance infime de gagner 20 euros, ou 200, elle sera peut-être leur bonne fée ; de l’autre, elle dépense 10 euros pour leur donner 10 euros inutilisables, ils doivent enrager (mais ne peuvent rien dire) : c’est deux gros sandwiches, trente clopes ou trois litres de pinard au Carrefour Market du coin, elle n’aurait pas pu éviter le détour par le tabac ? Ils auraient même préféré juste 2 euros, des vrais – mais non, il faut jouer, tout le monde aime le jeu, ça pimente la vie qui est si terne et ennuyeuse, c’est excitant ! Vous n’aimez pas ? Moi j’adore, c’est mon petit plaisir ! Et quoi de plus beau que l’espoir ? »
Philippe Jaenada, La serpe,
Éditions Julliard, 2017, p. 387.
Les lectures de Roberte Roberte.
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15/10/2017
TASSEKURT
« Elle a cette beauté fanée des grosses fleurs, qui paraissent être au summum de leur déploiement chatoyant quand déjà un simple effleurement suffirait à en détacher tous les pétales. De son corps, des plis de son cou – comme de toute sa maison – monte le parfum doux et poussiéreux du vieillissement et elle dégage l’érotisme trouble du monument sur le point de devenir ruines. Ses cheveux d’un blond-gris sont noués derrière sa tête en un chignon compliqué et volumineux qui rappelle un peu à Naïma les coiffures de Oum Kalthoum sur les vinyles de ses parents. »
Alice Zeniter, L’Art de perdre,
Éditions Flammarion, août 2017, p. 463.
Les lectures de Roberte Roberte : un livre que vous ne quittez pas avant de l'avoir terminé et qui ne vous quitte pas ensuite.
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