14/09/2016
ET ALORS ?
« La seconde vieillesse, la vie dans l'Hadès, toujours avec cet indigne désir de vivre qu'ont les vieilles gens. »
Friedrich Nietzsche,
"Fragments posthumes (1879-1881)"
in Aurore, "Pensées sur les préjugés moraux",
nrf, Gallimard, p. 325, 2 (44).
Les lectures de Roberte Roberte.
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01/09/2016
LES YEUX OUVERTS
« Adieu, Leader Honni, adieu, mais faut-il vraiment y croire ? En dehors de la politique, qu’allez-vous pouvoir faire d’aussi gratifiant ? Au moment où je trace ces lignes, vous courez comme un hamster dans une palmeraie prêtée par le roi du Maroc. Combien de temps vous laisserez-nous tranquilles ? Je ne vous imagine pas dans un hamac, fût-il à remous. Alors ? De l’argent à brasser ? Comment pourriez-vous tomber sous l’autorité d’un patron, même s’il était un ami bienfaisant ? Donner des conférences autour du monde pour vous remplir les poches comme MM. Clinton et Blair ? Impossible, Stupéfiante Majesté, puisque vous ne savez pas un mot d’anglais ; pérorer devant un amphithéâtre au Québec ou à l’Alliance française de Belgrade, cela ne rapporte pas un fifrelin. Utiliser vos connaissances internationales et fraîches, rentabiliser votre règne défunt pour causer à des banquiers brésiliens dans un salon d’hôtel new-yorkais ? Peut-être. Déguisé en avocat d’affaires, vous pourriez intervenir entre des émirs et des industriels de l’armement ou du nucléaire, et toucher de grasses commissions. Sans doute, mais le pouvoir et ses facilités vous démangent. Comme un eczéma, ce mal va amplifier, vous allez vous gratter jusqu’au sang en repensant au bon vieux temps, quand un mot, un geste suffisait à faire se courber une armée de valets, prêts à vous faciliter la vie à n’importe quel prix. La politique vous ronge déjà, Sire, et vous commencez dès aujourd’hui une carrière de conspirateur, pariant comme toujours sur l’échec des autres afin de vous valoriser. Pour vous, il n’y a que vous. Vendre des avions, des médicaments ou des centrales, non, il faut être trop discret, presque transparent. Quant à nous, heureusement, nous connaissons désormais tous vos trucs et toutes vos ruses, et j’espère à ma mesure y avoir contribué. J’écris pour que nous gardions les yeux ouverts. »
Patrick RAMBAUD,
de l’académie Goncourt,
Tombeau de Nicolas Ier
et avènement
de François IV,
Grasset, janvier 2013, pp. 14-15,
« Remerciements à feu Notre
Sautillant Monarque ».
Roberte Roberte : une relecture qui fait du bien.
(Rediffusion)
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27/08/2016
UN INSTANT DE SILENCE
« La communication qui tisse interminablement ses fils dans les mailles de la trame sociale est sans lacune, elle se donne sur le mode de la saturation, elle ne sait pas se taire pour être entendue, elle manque du silence qui lui donnerait un poids, une force. Et le paradoxe de cet écoulement sans fin, c’est qu’elle perçoit le silence comme son ennemi juré : aucun blanc à la télévision ou à la radio, par exemple, impossible de laisser passer en fraude un instant de silence. Toujours règne un flux ininterrompu de paroles ou de musiques comme pour conjurer la menace d’être enfin entendu. »
Extrait de Silence d’or, parole de plomb,
par David Le Breton, sociologue,
in Libération n° 10968, vendredi 26 août 2016,
« Idées », p. 13. Voir aussi dans liberation.fr
Les lectures de Roberte Roberte.
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