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23/06/2019

CARABOSSE

« Avec ma mère, coiffée d’un invraisemblable chapeau fleuri tout pailleté, incongru sous cette pluie torrentielle, mariage de Jean-Luc J.
Baisemains, félicitations, petits fours, l’habituel ghetto du 16e se pavane au complet. Mais c’est la séculaire Mme D., grand-mère du nouvel époux, qui sera la star du lunch. Tassée sur son fauteuil, dans un petit salon, la momie propose un sourire flambant neuf, le chef surmonté d’un galurin noir immense, un boa autour des épaules, et vous contemple de ses yeux d’insecte embusqués derrière des loupes. Le nez touche presque le menton qu’elle soutient d’une mimine décharnée, tordue par les rhumatismes. La fée Carabosse à la noce de son petit-fils, contente comme tout, volubile, et grand air. De loin, nous restons un moment à observer le fossile et ma mère me confiera plus tard : « En la regardant, je me disais : Tiens ! on a oublié de me prévenir qu’elle était morte !... »

Mathieu Galey,
Journal intégral, 1953-1986,
Éd. Robert Laffont, Coll. Bouquins,
p. 101, 26 février 1957.

Les lectures de Roberte Roberte.
(Rediffusion)

17:30 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent

20/06/2019

SMITH

« Un beau jour, peu importe quand, j'ai feuilleté l'annuaire et j'ai été profondément rassurée de voir combien de gens ne s'appellent pas Smith. »

Sylvia Plath, Le jour où Mr Prescott est mort,
"Johnny Panic et la Bible des rêves",
Éd. La Table Ronde, p. 52.

Les lectures de Roberte Roberte.

10:26 Publié dans Blog, Lecture | Lien permanent

19/06/2019

UNE CULTURE ÉQUITABLE ?

« [] cette  réforme du lycée professionnel, je ne la comprends pas. En terminale, il ne reste que 1 h 30 de français par semaine, il va falloir m'expliquer ce que je vais faire avec eux. Je crains de devenir un professeur d'orthographe. À côté, les élèves ont un paquet d'heures professionnelles : on va en faire de bons ouvriers, mais on ne leur donnera pas d'ouverture à la culture.* C'est comme les projets en coanimation, ils se font maintenant sur le référentiel professionnel. Par exemple, on va créer un magasin virtuel avec les élèves. Les profs de français suggèrent qu'on y vende des livres. Réaction des professeurs de commerce : on va demander aux élèves ce qu'ils veulent vendre, alors qu'il est sûr qu'ils ne choisiront pas les livres. C'est dommage, car les enseignants (des matières générales) qui ont mené beaucoup de projets transversaux ces dernières années ont accompagné culturellement les élèves : j'ai peur qu'on casse cette mobilisation réelle. »

Témoignage d'une enseignante en Lettres
dans un Lycée professionnel, Académie de Lille,
in Libération, n° 11829, 15 et 16 juin 2019, p. 13.

Les lectures de Roberte Roberte.
* C'est moi qui souligne.

10:39 Publié dans Blog, Lecture, Politique, Presse | Lien permanent