08/05/2019
VIVANT PORTRAIT DU "CADRE"
« [...] C'est peut-être ce que l'histoire gardera de ce règne : le rite de la photo de Bouteflika, un cadre présenté aux Algériens pour qu'ils l'embrassent et l'élisent. Ce « cadre », portrait muet et «photoshopé» jusqu'à l'outrance, est promené lors des défilés nationaux. On a vu le gouvernement et la hiérarchie du pays se lever pour le saluer aux fêtes de l'indépendance, on a vu le ministre de l'intérieur le décorer, on a vu des foules se pousser du coude autour pour se reprendre en photo avec... la photo, on a vu des tribus offrir un cheval au « cadre ». On a vu de jeunes blogueurs condamnés à de la prison pour avoir moqué ce portrait. Cette religion du « cadre » a été l'ultime mépris, l'insulte suprême, le crachat absolu.
Les nouvelles générations le ressentent comme l'humiliation de trop. [...] «Si on doit être gouverné par un cadre, autant que cela soit Mona Lisa», brandissaient des jeunes lors des marches flamboyantes du 1er mars. Humour, blessure, fierté, danger, révolte, colère et inquiétude. C'est tout cela mon pays aujourd'hui. [...] »
Extrait de
Kamel Daoud, Le catalogue de nos humiliations,
in Le Monde, Idées, n° 23067, 10-11 mars 2019.
Les lectures de Roberte Roberte.
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08/04/2019
AVÈNEMENT
"[...] Et puis j'ai pensé, en m'habillant, qu'il serait fort intéressant de décrire l'avènement de la vieillesse et la lente approche de la mort. De la même façon que d'aucuns décrivent l'amour. De noter les moindres signes de défaillance : mais pourquoi de défaillance ? Pourquoi ne pas traiter la vieillesse comme une expérience différente des autres, et relever chacune des étapes conduisant à la mort, qui est une expérience prodigieuse, pas aussi inconsciente, du moins dans son avènement, que la naissance."
Virginia Woolf, Journal, Tome 8,
Traduit de l'anglais par Marie-Ange Dutartre,
Nouveau Cabinet Cosmopolite, Stock, 1990, pp. 77-78.
(Rediffusion.)
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04/04/2019
COPAINS-COPINES DE RÉSEAU
« Les milliards de visages dont les réseaux sociaux et les chaînes de télé nous bombardent sont des masques vides qui ne disent rien de ce qu'ils sont réellement. Dans la vraie vie, il faut du temps pour connaître l'authenticité d'une personne, pour discuter avec elle, l'écouter, la comprendre et l'apprécier. Pour se construire et s'épanouir, les êtres humains ont besoin du rythme lent de la vie qui s'écoule. »
Extrait de l'édito de RISS,
"LES HOMMES PLASTIQUE",
CHARLIE HEBDO n° 1393,
3 avril 2019.
Les lectures de Roberte Roberte.
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