Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/09/2019

MORT D'UN ANCIEN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

« Lol dévisage sa jeunesse avec curiosité. »

Marguerite Duras,
Le ravissement de Lol V. Stein,
in Oeuvres complètes,
La Pléiade, tome II, p. 381.

 

Un ancien Président de la République âgé et malade meurt. Des gens sont bouleversés, on multiplie les hommages, on prend des précautions, on tente la délicatesse : "Je n'étais pas du tout d'accord avec lui mais quand même, il faut reconnaître, etc..."

Les vieilles et les vieux surtout et évidemment, remontent le temps, les images ne manquent pas et c'est leur histoire qui est là, en filigrane puis plus du tout en filigrane, c'est le Président mort qui est en filigrane, ce n'est plus vraiment sa mort qui suscite l'émotion, c'est ce retour mélancolique à ce qu'ils furent et ne reconnaissent pas toujours.

Roberte Roberte.

12/09/2019

ROULIS

« SOS piétons

Cyclistes et autres roulants ont-ils décidé de faire des marcheurs – pas seulement ceux d'Emmanuel Macron – une espèce en voie de disparition ?

Si j'ai bien compris, le problème de l'écologie est de différencier ses amis et ses ennemis. C'est vraiment une question de tri. Par exemple, les vélos. À première vue, ce sont les meilleurs amis de l'homme et de la nature. Mais, d'un autre côté, les cyclistes qu'on croise en ville sont si souvent des goujats que le seul avantage qu'ils soient à vélo est qu'au moins ils ne sont pas au volant d'un poids lourd ou d'un autobus où ils feraient un nombre de victimes beaucoup plus considérable. Parce que, à voir les choses du côté piétons, avec le vélo, on n'a pas de permis mais tout est permis. […]

Quand on roule écolo, c'est toujours vert. On ne va pas s'arrêter à cause d'un vulgaire feu rouge. Sans compter les livreurs à vélo, les trompe-la-mort, tellement victimes des boîtes qui les emploient qu'aucune autre victime ne compte et qui sont peut-être les pires des hooligans des trottoirs : puisqu'ils risquent leur vie, ils ne voient pas pourquoi les autres ne seraient pas solidaires de leur condition d'esclave même pas salarié. On ne fait pas d'omelette écologique sans casser des coudes, des poignets et des cols du fémur.
Faut que ça roule : interdiction d'avoir des encombrements. On est prêt à toutes les inventions et les malheureux piétons sont envahis par les vélos, trottinettes, skates et autres objets roulants non identifiés. […]

Désormais, l'urgence pour les maires des grandes agglomérations est de créer des pistes pour piétons où ceux-ci puissent marcher en sécurité entre eux. Voilà le nouveau grand débat à venir pour les municipales, puisqu'il est maintenant démontré que les pistes cyclables ne servent pas à grand-chose, la plupart des cyclistes estiment que tout leur est piste et nul habilité à mettre des bâtons dans les roues de l'axe du bien.
Reconnaissons que quand ils sont coincés faute de piste entre un bus et un camion avec des pots d'échappement qui tournent à plein régime, les cyclistes ont leur mot à redire. Mais pourquoi se venger sur les innocents piétons ? […] »

 

MATHIEU LINDON,
SI J'AI BIEN COMPRIS...
in Libération n° 11900, IDÉES/,
7 et 8 septembre 2019, p. 24.

Les lectures de Roberte Roberte.
(Songeons au déchirement intérieur inévitable de ceux qui conduisent une automobile en semaine, enfourchent un vélo le week-end et conduisent à pied les enfants à l'école : qui sont-ils vraiment ?)

 

10:02 Publié dans Actualité, Blog, Lecture, Presse | Lien permanent

08/09/2019

COULÉE VERTE

« […] Ce qui a aussi changé, dans la Nièvre en tout cas, c'est l'apparition justifiée mais pesante du tri sélectif. Il est si compliqué et si variable, ce tri, qu'il nous ferait presque regretter l'époque où nous mettions dans le même sac les os, le plastique, les épluchures, les couches-culottes et nos consciences. Le tri sélectif et ses sacs transparents roses, bleus, jaunes, menaçants comme des juges ou des instituteurs, c'est comme la casuistique chez les jésuites : plus il y a de cases, plus il y a de cas douteux, qui n'entrent dans aucune d'entre elles ; et plus monte la sensation, avec la petite étiquette collée sur le sac rejeté par les éboueurs quand il est mal composé, d'être coupable. Mais de quoi ? On est plein d'ordures et on n'est jamais assez transparent. »

[…] 

« Aujourd'hui, je mange beaucoup moins de viande et je croise pas mal de végétariens dans les nouvelles générations. Je ne dirais pas qu'ils sont accablés par le sens de la dérision : leur régime est souvent leur mission. Ils me rappellent à quel point je suis content d'avoir quitté l'école sans être entré dans la police ; à quel point, aussi, me fatiguerait la certitude d'avoir raison. J'ai aussi remarqué qu'ils pètent beaucoup et que ce n'est pas inodore : effet des lentilles, de l'avoine, des fèves et autres féculents. Je me demande si ces pets ne contribuent pas, avec ceux des vaches qu'ils remplaceront peut-être, à la destruction de la couche d'ozone. De toute façon, l'avenir de l'humanité sent mauvais.»

Extrait de Dans le jacuzzi des ondes,
Chronique de Philippe Lançon,
PET VÉGÉTARIEN,
in Charlie Hebdo n° 1415,
4 septembre 2019, p. 11.

Les lectures de Roberte Roberte.

19:42 Publié dans Blog, Lecture, Presse | Lien permanent