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08/05/2019

VIVANT PORTRAIT DU "CADRE"

« [...] C'est peut-être ce que l'histoire gardera de ce règne : le rite de la photo de Bouteflika, un cadre présenté aux Algériens pour qu'ils l'embrassent et l'élisent. Ce « cadre », portrait muet et «photoshopé» jusqu'à l'outrance, est promené lors des défilés nationaux. On a vu le gouvernement et la hiérarchie du pays se lever pour le saluer aux fêtes de l'indépendance, on a vu le ministre de l'intérieur le décorer, on a vu des foules se pousser du coude autour pour se reprendre en photo avec... la photo, on a vu des tribus offrir un cheval au « cadre ». On a vu de jeunes blogueurs condamnés à de la prison pour avoir moqué ce portrait. Cette religion du « cadre » a été l'ultime mépris, l'insulte suprême, le crachat absolu.
Les nouvelles générations le ressentent comme l'humiliation de trop. [...] «Si on doit être gouverné par un cadre, autant que cela soit Mona Lisa», brandissaient des jeunes lors des marches flamboyantes du 1er mars. Humour, blessure, fierté, danger, révolte, colère et inquiétude. C'est tout cela mon pays aujourd'hui. [...] »

Extrait de
Kamel Daoud, Le catalogue de nos humiliations,
in Le Monde, Idées, n° 23067, 10-11 mars 2019.

Les lectures de Roberte Roberte.

14:36 Publié dans Blog, Lecture, Politique, Presse | Lien permanent

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