07/08/2012
LA FEMME QUI MARCHE*
On n’échappe pas à l’engourdissement de l’été, aux minces journaux-papier, au « 13 heures » télévisuel qui ronronne : jeux olympiques, Syrie et cruel constat d’impuissance, « chassé-croisé » et résignation bienveillante du vacancier à roues.
Parfois, un fou isolé interrompt les effets de la torpeur : le meurtre et les « faits divers » sont étrangement contagieux...
Rendormez-vous, c’est grande vacance, après tout !
Mais certains ne se résignent guère à cette parenthèse aseptisée. C’est peut-être pour cela que l’on constate subitement la condition faite à la femme qui marche sans autre objectif que d’aller faire ses courses, se rendre au travail, aux cours ou tout bêtement (mais elle abuse !) se promener. Ainsi, le film réalisé par Sofie Peteers, étudiante en cinéma à Bruxelles, pour son examen de fin d’année, démontre-t-il que la liberté de circuler est fréquemment confisquée à la gent féminine, sauf à supporter d’être constamment abordée et conspuée par de braves guerriers oisifs et oiseux.
« En pleine capitale de l’Europe ! » s’exclame la doxa qui visiblement, fait une découverte.
À ce propos, un film plus ancien existe qui ne manque pas d’humour : « Harcèlement au Liban : Dans la rue, les femmes inversent les rôles », Les aventures de Salwa. La perplexité et la gêne des messieurs font plaisir à voir.
Pour un projet ciné court, on pourrait conseiller aux jeunes femmes de porter des masques de vieilles : en effet, la rideur est assez proche de la hideur : elle fait peur aux plus entreprenants. (Le visage d’Euridice s’est décomposé). Par expérience, on peut vous dire que les vieilles ont enfin la paix. Elles sont plus souvent sollicitées pour « une petite pièce » comme si leurs bajoues pendantes étaient d’inépuisables tirelires.
Comme la femme semble être le sujet de saison, une pensée solidaire pour les Pussy Riot (on en parle aussi à la télé !) dont le procès (il paraît que c’en est un) se tient actuellement à Moscou. Elles risquent sept ans de prison parce qu’elles sont jeunes, pas seulement indignées et qu’elles veulent changer la vie au pays éternel des tsars éternels.
Profitez-en : septembre probablement recouvrira de son « manteau mordoré » ces « commentaires de vacances ».
© Roberte Roberte.
* "L'homme qui marche" : un pur, un solitaire, un héros...
"La femme qui marche"... ?
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26/07/2012
VIEUX
« Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire »(1) échappe le jour de ses cent ans à la fête organisée pour l’occasion par la maison de retraite. Il prend la tangente par la fenêtre et rencontre la fortune et l’amitié. Allan (c’est son prénom), a un passé sulfureux (et explosif) et l’auteur fait naviguer joyeusement son lecteur entre l’histoire et l’Histoire.
Au cours de sa longue existence, le héros a rencontré (entre autres célébrités) Truman, Franco, Staline, Mao...
C’est un livre sans prétention et très vivant, à distribuer dans tous les établissements réservés « au troisième âge et après ». Mais pas seulement : toute personne en voie de vieillissement pourra y flâner avec plaisir en cette période estivale.
Comme il arrive que « je me souvienne », ce livre m’a renvoyée aux « Mémoires d’un vieux con »(2). Le héros, lui aussi a des relations politiques (Lénine, Staline, Trotsky...) mais comme c’est un artiste, il côtoie notamment une pléiade de plasticiens, de Toulouse Lautrec à Ben. Sur le plan littéraire, il inspire au passage Breton, Proust et Gide. Bref, sans lui, la culture du vingtième siècle n’aurait pas été ce qu'elle fut. À lire ou relire.
(1) Jonas Jonasson,
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire,
Pocket, 2012.
(2) Roland Topor, Les mémoires d'un vieux con,
éd. Balland, 1975.
Les lectures de Roberte Roberte.
09:19 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent
21/07/2012
DE L'OCCUPATION DE L'ESPACE
"Pour comprendre les mécanismes mystérieux de la création, il vaut tout de même mieux s'adresser aux artistes ! (...).
Eh bien, je pense, quant à moi, que le paysage que nous peignons est en nous. Dans notre coeur, ou dans notre âme, les mots n'ont pas d'importance. Nous n'avons besoin que d'espace pour nous exprimer. Quand l'espace est vide, nous le remplissons, c'est tout. L'occupation de l'espace est notre vocation fondamentale !."
Topor, Les mémoires d'un vieux con,
éd. Balland, 1975, pp. 24 et 25.
Les lectures de Roberte Roberte.
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