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13/05/2018

LES VIEUX EXISTENT : LIBÉ LES A RENCONTRÉS

Vieilles et Vieux, futur(e)s Vieilles et Vieux,

À lire absolument, Libération n° 11494 des samedi 12 et dimanche 13 mai 2018, pages 1 à 6 (ou lien ci-dessous).
Articles de Charlotte BELAICH, Paul QUINIO.

Page de couverture : « LES VIEUX DANS LES YEUX. Ils représentent presque 10 % de la population française, pourtant les plus de 75 ans sont éclipsés par une société qui a peur de se confronter au grand âge. "Libération" leur donne la parole. »

Entre autres témoignages fort intéressants :

De la mémoire :

"Ça, la mémoire, ça m'étonne, explique Robert Desplan. On oublie des choses qu'on voit ressurgir avec les événements, mais pourquoi ?" Il y en a d'autres en revanche qui ne disparaissent jamais. Pour lui, "la description de Madame Verdurin" ou "une fable de la Fontaine". "Sur quels critère ? Je ne sais pas... Mais de toute façon, la nature a horreur du vide : si vous perdez quelque chose, vous avez quelque chose d'autre en remplacement. On perd la mémoire, mais ça fait aussi la place dans la tête pour changer les fichiers."

Du corps :

"Perdu, c'est le mot de la vieillesse. On n'arrête pas de perdre et c'est ça qu'il faut accepter, sinon, on va s'empoisonner la vie", juge Paule Giron. (...) "Ce qu'on apprend en vieillissant, c'est de ne jamais être tout à fait dans le même état. Le corps bouge à une vitesse grand V. Il faut accepter ces manques qui vont nous arriver au fur et à mesure. On n'a aucun moyen de les refuser et quand on essaie, on tombe très vite dans le ridicule."

De la perte d'autonomie :

"Retomber dans la dépendance qui est quelque part la dépendance de l'enfance, dont on a eu tant de mal à sortir, ça, ça fait peur", s'inquiète Laure Brandt.

 

En page 6, ce que déduisent le sociologue Michel Billé et le psychogérontologue Jérôme Pellissier des relations de la société avec ses vieux. Inactifs donc inutiles, encombrants financièrement (et pas seulement), invisibles de préférence car ne sont-ils pas les images tristes et moches de l'avenir qui guette ?

Ce chapitre traite plus spécifiquement du corps. Le prochain traitera de l'esprit, de l'intellect et de la mémoire. Voir Libération.fr

Par la suite, seront abordés la vie sociale et le rapport à la mort.


RadicÔlibres.

 

11:03 Publié dans Blog, Presse, Vieilles peaux | Lien permanent

26/04/2018

IMPRESSIONS D'EHPAD...

« Je ne me rappelle plus le visage de la directrice, mais elles se ressemblent toutes. Elles savent exactement quoi dire pour appâter le chaland, de vraies commerçantes sous le vernis médico-sanitaire, tenue quatre épingles, sourire accroché mais pas trop, compatissantes mais sans plus, on n'a pas gardé les vieux ensemble. Il faut faire tourner la machine à cash et satisfaire les actionnaires – en sous-payant le personnel dans la plupart des cas. »

In Le Monde, n° 22795,
daté du jeudi 26 avril 2018, p. 12.
Extrait de l'article "Alzheimer, une épreuve familiale",
Extrait lui-même du livre de Béatrice Gurrey,
La tête qui tourne et la parole qui s'en va,
éd. Robert Laffont, 2018.

09:22 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent

27/03/2018

LA SALLE D'ATTENTE

ROGER MARTIN DU GARD
À ALBERT CAMUS 

 

Bellême, 22 juillet 1953

« Cher ami,

[…]

Je pensais faire un séjour à Paris à la fin de juin et je me proposais de vous faire signe. Mais j’ai été retenu ici, plus ou moins allongé, pour ménager ma vieille jambe de phlébitique qui menaçait de faire des siennes. Partie remise… Je m’en veux de me résigner si difficilement à vieillir. Mais la volonté s’use avec le reste, et n’a plus guère de prise sur ce malaise de l’âme, sur ce morne détachement dont je souffre depuis ces derniers mois. Rien à faire contre cette constante impression d’être hors de jeu, ce très profond (et presque tendre) sentiment que « tout ça ne me concerne plus »… Le sentiment qu’on peut avoir dans la salle d’attente, billet pris, bagages bondés, en attendant le train qui va nous emmener pour toujours, lorsque les gens de la ville qu’on quitte viennent vous entretenir de leurs petites affaires. On répond, on sourit, on se prête à la conversation avec une amicale sympathie ; mais « ça ne vous concerne plus »…

Ne vous moquez pas. Hier, moi aussi, pareil langage de vieillard – surtout chez un vieillard relativement bien portant – m’aurait indigné. Il faut déjà être assis dans la salle d’attente, pour comprendre… […]. » 

 

Albert Camus, Roger Martin du Gard,
Correspondance 1944 – 1958,
Édition établie, présentée et annotée
par Claude Sicard, NRF, Gallimard, 2013,
extrait de la lettre 25, pp. 91-92.

(Rediffusion.)

10:05 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent