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19/01/2020

VIEILLE

« En ce printemps 1722 la Palatine est âgée de soixante-dix ans. Elle se décrit sans complaisance : " Je l’ai toujours été [laide] et le suis devenue davantage encore par suite de la petite vérole ; de plus ma taille est monstrueuse, je suis carrée comme un dé, la peau est d’un rouge mélangé de jaune, je commence à grisonner, j’ai les cheveux poivre et sel, le front et le pourtour des yeux sont ridés, le nez est de travers comme jadis, mais festonné par la petite vérole, de même que les joues ; je les ai pendantes, de grandes mâchoires, les dents délabrées ; la bouche aussi est un peu changée, car elle est devenue plus grande et les rides sont aux coins."  Elle se sait très laide et se sent très vieille. Elle est trop grosse, a des difficultés à respirer, les pieds enflés. Maintenant, à toute heure du jour, elle a tendance à s’endormir. Avant ce n’était qu’à la messe. »

 

Chantal Thomas, L’échange des princesses,
roman, Seuil, Fiction & Cie, p. 134.

Les lectures de Roberte Roberte.

(Rediffusion.)

23:01 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent

15/01/2020

MASQUE

« ⌈…⌉ Passé soixante-cinq ans, elle prend conscience que son corps n'est plus aussi ferme, plus aussi lisse qu'autrefois, et que les crèmes de beauté ne suffisent pas. Elle a recours à la chirurgie esthétique et procède à plusieurs liftings. Elle devient une cliente assidue de la Prairie, la célèbre clinique suisse située à Clarens, près de Vevey, spécialisée dans les cures de rajeunissement. Mais elle doit cependant céder du terrain devant l'âge, et notamment abandonner les shorts et les maillots de bain. Aux robes courtes qui mettaient en valeur ses jolies jambes, elle préférera désormais le pantalon. Pour souligner une taille qui reste de guêpe, elle le porte étroit, ceinturé sous des spencers ou des boléros, vestes très courtes qui lui donnent une silhouette de torero. De dos, elle est encore juvénile et encore séduisante. Mais son visage, à force d'être tiré, a pris l'expression d'un masque, la peau est jaune, elle moule les os, les joues surtout sont cruellement pincées sous les pommettes. C'est le regard qui est le plus affecté : il a perdu son éclat. Gala le sait et quitte rarement ses lunettes noires, lesquelles sont d'ailleurs montées de verres correcteurs car sa vue, jusqu'alors parfaite, s'est soudain dégradée. »

Extrait de Gala, La muse redoutable,
Dominique Bona, Roman,
Éd. Flammarion, 1995,
Éd. J'AI LU, 2012, p. 485.

Les lectures de Roberte Roberte.

10:12 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent

10/01/2020

VIEILLES PEAUX

oeil de Willem.jpg

© Willem in Libération, n° 12003, 9 janvier 2020, p. 24.