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18/05/2023

AVENIR

Warning

« Quand je serai vieille je m'habillerai de mauve

je mettrai un chapeau rouge qui jure avec ma robe

Je dépenserai ma pension en cognac et en gants de dentelle, en sandales de satin, et je dirai que nous n'avons pas les moyens d'acheter du beurre

Je m'assoirai sur le trottoir quand je serai fatiguée

Je tirerai les sonnettes d'alarme

Je ferai courir ma canne sur les barreaux des clôtures

Je rattraperai le temps perdu quand j'étais jeune et sérieuse

Je sortirai en pantoufles sous la pluie

Je cueillerai des fleurs dans les jardins des autres

J'apprendrai à cracher très loin

Mais peut-être devrais-je m'exercer un peu avant

afin que mes amis ne soient pas surpris et choqués

quand tout à coup je serai vieille

et que je m'habillerai de mauve »

 

C'est le plus célèbre des poèmes de Jenny Joseph, journaliste, écrivaine, poétesse, universitaire britannique (1932-2018).
Écrit en 1961, elle n'avait donc pas 30 ans... Je me demande si cette fantaisie s'est réalisée ? Si envahie par l'âge et la dignité, elle y a renoncé par crainte du british Ehpad ? Sans doute, poète, avait-elle deviné ce que la vieillesse, même apparemment repue, éprouve parfois de révolte pour ce qui n'a pas été.

Les lectures de Roberte Roberte.

16:29 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent

09/05/2023

EHPAD : UN MÊME DÉSESPOIR

⌈...⌉

Libération, Adrien Naselli :

« Qu'est-ce que la vieillesse fait à la classe sociale ?

 

Didier Eribon :

La maison de retraite où a été admise ma mère est un établissement public, qui présente une certaine homogénéité sociale : elle accueille principalement des gens des classes populaires. Le manque permanent d'effectifs rend la situation difficile pour les résidents : ma mère ne pouvait prendre une douche qu'une fois par semaine ; le médecin m'a expliqué qu'il fallait deux aides-soignants hommes pour la lever, et cela n'était possible qu'une fois par semaine. Victor Castanet dans les Fossoyeurs a montré que les conditions ne sont pas meilleures dans le privé...
À cet égard, si les appartenances de classe perdurent, il faut les laisser de côté pour pouvoir constituer la vieillesse en une catégorie spécifique. Certes, une personne âgée d'un  milieu ouvrier n'aura pas exactement la même condition physique qu'une personne d'un milieu bourgeois. Mais il y a une question spécifique des personnes âgées, qui dépasse l'analyse en termes de classes sociales. Une femme de la bourgeoisie dans une maison de retraite appartient au fond à la même catégorie qu'une femme du peuple comme ma mère : ce sont deux personnes âgées qui voudraient prendre une douche et qui ne peuvent plus le faire seules. Elles partagent quelque chose de fondamental. Et l'une comme l'autre ont besoin de porte-parole.* »

Extrait des propos de Didier Eribon
relatifs à son dernier livre :
Vie, Vieillesse et mort d'une
femme du peuple,
éd. Flammarion.
in Libération n° 13022, 9 mai 2023,
pp. 16 et 17.

*C'est RadicÔlibres qui souligne.

15:45 Publié dans Blog, Vieilles peaux | Lien permanent

17/04/2023

PLAISIR & BEAUTÉ

À Marseille, la vieille

tendit son visage fripé au Soleil

(Tant pis s'Il n'a rien arrangé)

 

© Roberte Roberte