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28/10/2020

DU VIOL

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in Libération, article du 15 novembre 1973,
réinséré dans le HORS SÉRIE de mars 1981, p. 9.

 

Extraits :

« – Est-il légitime que des hommes parlent du viol ?

J.-P.S. : Quand un homme viole une femme, ils sont deux, et tous deux doivent en témoigner.
D'abord, où commence le viol ? Dès qu'un homme insiste pour coucher avec une femme et qu'elle refuse, il devient agressif et cette agressivité peut se terminer par un viol : c'est un cas qui se rencontre même entre des gens mariés. On peut même se demander si l'acte sexuel n'est pas normalement un viol consenti, le corps qui se refuse éprouvant un plaisir à faire l'objet d'une violence. Une autre question se pose alors : est-ce que le violeur a besoin de penser qu'il donne du plaisir à une femme, ou au contraire, prend-il du plaisir à sentir qu'elle souffre de cette brutalité ?
Pour l'homme, l'acte sexuel est-il toujours, fut-ce d'une manière masquée, une sorte de viol ? C'est un problème auquel il appartient aux hommes de répondre, le viol étant rarement perpétré par des femmes (cela arrive cependant. En Angleterre, pendant la guerre, une vingtaine de W.A.C*, depuis longtemps frustrées, attirèrent dans leur baraquement un jeune lieutenant et lui enjoignirent de les satisfaire. Il s'exécuta d'abord de bonne grâce, mais lorsque, épuisé, il tenta de s'échapper, elles le malmenèrent au point de lui casser un bras).
La question est très importante : si, dans toute pénétration, il y a, comme je le pense, un élément d'agressivité, alors les femmes ont raison de penser que participer à un acte sexuel avec un homme, c'est composer avec le pouvoir machiste.
Cette tendance machiste peut-elle être supprimée ? Et les femmes le souhaitent-elles ? Si elles aiment leur compagnon, veulent-elles qu'il soit un peu machiste ou pas du tout ? Qu'il entre en érection comme un homosexuel caressé par un autre homosexuel ou qu'il se montre agressif ? Je ne pense pas que l'agression puisse être entièrement éliminée de la sexualité : l'agressivité est humaine et un acte sexuel dépourvu d'agressivité impliquerait un homme entièrement différent de ce qu'il est aujourd'hui.

– Alors la copine qui s'est fait violer, est-ce qu'elle le désirait ou pas ?

J.-P.S. : Non. La femme ne peut désirer un peu de violence que si elle éprouve pour son partenaire un certain attrait. Toutes les femmes qui, dans la rue, voient passer à côté d'elles, un gars costaud d'allure violente, ne se disent pas : "Tiens, si ce type-là me faisait l'amour ?" Certaines le pensent, d'autres non. Il est important, d'un point de vue révolutionnaire, de décider si l'acte sexuel est une violence, ou s'il existe un acte sexuel non-violent, construit et équilibré à partir de l'acte sexuel violent.

– Alors que signifie la libération de la femme si, dans l'acte sexuel quotidien, la femme doit composer avec le pouvoir oppresseur ?

J.-P.S. : La libération de la femme concerne l'ensemble de sa condition. Elle implique aussi que l'acte sexuel cesse d'être un viol. Cette libération de la femme doit être tentée dès aujourd'hui par les femmes elles-mêmes. Si on arrivait à supprimer chez l'homme la tentation du viol, les rapports de l'homme et de la femme ne seraient plus ceux que nous connaissons. ⌈...⌉
Quand la femme aura libéré l'homme de sa tendance au viol – alors que beaucoup de celles d'aujourd'hui s'en accommodent : ce sera une autre femme. Cette femme est en train de se construire dans la révolte d'aujourd'hui. La femme de demain ne cédera aux avances de son compagnon que dans la mesure où elle aura elle-même envie d'accomplir l'acte sexuel, elle doit rendre invivable la vie de l'homme qui est dominé par le désir de viol. La violence masculine ne serait plus alors qu'un conditionnement abstrait du désir sexuel. ⌈...⌉ »

*Women's Army Corps : branche féminine de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.


Les archives de Roberte Roberte.

20/10/2020

ENSEIGNER AUJOURD'HUI

« Khadia, originaire d'Algérie, est venue avec ses deux filles. Institutrice en classe de CM2, elle est passionnée par son métier. "Mes parents ont cru en l'école, ils m'ont obligée à apprendre, à respecter mes professeurs. Notre intégration, notre réussite, tout passait par là. Et je rêvais tellement d'être française. Française, cela voulait dire femme libre." Alors aujourd'hui elle veut transmettre son rêve à ses élèves, elle leur apprend le débat, l'écoute, le respect de l'autre, l'échange sur les informations récoltées pendant le week-end, la joie d'une totale liberté de s'exprimer. Ce n'est pas simple. La communauté maghrébine la tient à l'oeil, scrute son langage, ses tenues, son refus du voile, son attachement à la stricte égalité entre garçons et filles... "Je me bats pour mes filles. Je ne lâche rien sur la laïcité à l'école et les valeurs de la République. Mais je sais qu'un jour viendra où je serai menacée..." Si seulement elle se sentait soutenue par sa hiérarchie ! Si seulement elle savait que la direction de l'école ne se couchera pas devant des parents vindicatifs... "Mais l'administration a peur. Le mot d'ordre est : pas de vagues. Surtout pas de vagues. Et elle capitule, laissant les profs seuls sur la ligne de front. Alors on louvoie, on joue au caméléon. C'est très compliqué. »

in Le Monde, n°23570,
mardi 20 octobre 2020, p. 3,
L'ATTENTAT DE CONFLANS,
"Ça suffit l'hypocrisie et la trouille de heurter !"
"Des milliers de personnes se sont rassemblées
à travers la France, dimanche,
en hommage à l'enseignant",
par Annick COJEAN.

Les lectures de Roberte Roberte.

15:56 Publié dans Blog, Presse | Lien permanent

06/10/2020

SEPTEMBRE 2020 en bref

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Titres extraits du Monde
et de Libération,
1er au 30 septembre 2020.

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