19/06/2019
UNE CULTURE ÉQUITABLE ?
« […] cette réforme du lycée professionnel, je ne la comprends pas. En terminale, il ne reste que 1 h 30 de français par semaine, il va falloir m'expliquer ce que je vais faire avec eux. Je crains de devenir un professeur d'orthographe. À côté, les élèves ont un paquet d'heures professionnelles : on va en faire de bons ouvriers, mais on ne leur donnera pas d'ouverture à la culture.* C'est comme les projets en coanimation, ils se font maintenant sur le référentiel professionnel. Par exemple, on va créer un magasin virtuel avec les élèves. Les profs de français suggèrent qu'on y vende des livres. Réaction des professeurs de commerce : on va demander aux élèves ce qu'ils veulent vendre, alors qu'il est sûr qu'ils ne choisiront pas les livres. C'est dommage, car les enseignants (des matières générales) qui ont mené beaucoup de projets transversaux ces dernières années ont accompagné culturellement les élèves : j'ai peur qu'on casse cette mobilisation réelle. »
Témoignage d'une enseignante en Lettres
dans un Lycée professionnel, Académie de Lille,
in Libération, n° 11829, 15 et 16 juin 2019, p. 13.
Les lectures de Roberte Roberte.
* C'est moi qui souligne.
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18/06/2019
BURE - LUTTE ANTINUCLÉAIRE
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16/06/2019
DE L'APPARENCE
« Le dimanche de ma première conférence, une lettre cachetée fut déposée à l'hôtel à mon intention. L'auteur anonyme me prévenait d'un complot contre ma vie : selon lui, j'essuierais un coup de feu au moment d'entrer dans la salle. Je ne sais pourquoi je n'accordai aucune importance à cette histoire. Cependant, souhaitant éviter d'inquiéter mes camarades, je n'en fis pas état à mon ami C.V.Cook qui était venu pour m'accompagner au meeting. Je lui dis préférer m'y rendre toute seule.
Jamais je ne m'étais sentie aussi calme qu'en marchant nonchalamment de l'hôtel au lieu de réunion. À moins d'une rue de la salle, je levai instinctivement à hauteur de mon visage le grand sac que je portais toujours avec moi. J'entrai sans encombre et avançai vers la tribune, en tenant toujours le sac devant mon visage. Une idée me tarauda pendant toute la conférence : "Si seulement je pouvais protéger mon visage !". Le soir, je reproduisis le même numéro, portant le sac devant mon visage tout au long du chemin jusqu'à la salle. Les meetings se passèrent bien sans la moindre trace de conspirateurs.
Pendant des journées entières, je m'interrogeais pour trouver une explication plausible à mon geste ridicule avec le sac. Pourquoi avais-je été plus préoccupée de mon visage que de mon buste ou de n'importe quelle autre partie de mon corps? En pareille circonstance, un homme ne penserait sûrement pas à son visage. Et pourtant, face au risque bien réel de mourir, j'avais craint de me voir défigurée ! J'étais toute retournée de me découvrir une vanité féminine aussi banale. »
Emma Goldman, VIVRE MA VIE,
"Une anarchiste au temps des Révolutions",
Éd. L'ÉCHAPPÉE, p. 560.
Les lectures de Roberte Roberte.
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