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01/07/2011

DE LA BONNE HUMEUR

Est-ce une tentation de "vieille", mettre en cahier toutes les merveilles glanées, pour mémoire peut-être ? Il pourrait en être ainsi des billets de théâtre, de cinéma, des entrées au musée, au concert... Mais on ne le fait pas.

Quoique... Chaque jour on se dit qu'on ferait bien un "album Willem" avec les dessins extraits de Libération. Humour, bien sûr, perspicacité, pertinence, impertinence et tant et tant de "légèreté" dans le sens de l'opposition à la "lourdeur" explicite ou à la vulgarité. Dans le sens de la finesse qui instantanément vous met de bonne humeur.

Bien sûr, et c'est normal, on n'en peut rien reproduire ici. Mais parlons du dessin d'hier où deux petites et rondes vêtues de noir (Eva Joly et Martine Aubry) entourent une grande Christine Lagarde habillée de blanc. Elles sont toutes trois hilares. Christine dit : "Qui gardera les enfants ?".
C'est pas du bonheur, ça ?

RadicÔlibres.

23/06/2011

DES DROITS ET DES DEVOIRS

(...) "Dès que Serge Ivanovitch eut clos la discussion, en lançant une plaisanterie, Pestzov trouva un nouveau thème.
- On ne peut accuser le gouvernement de vouloir nous soumettre à une cure, dit-il. Le gouvernement se guide, évidemment, par des considérations générales, et reste indifférent aux influences qui peuvent résulter des mesures qu'il a prises. Par exemple, la question de l'instruction des femmes devrait être considérée comme nuisible, et cependant, le gouvernement ouvre aux femmes les cours et les universités.

La conversation roula aussitôt sur l'instruction des femmes.
Alexis Alexandrovitch exprima l'idée qu'ordinairement on confond la question de l'instruction des femmes avec celle de la liberté des femmes, et que c'est là la raison pour laquelle on juge nuisible cette instruction.
- À mon avis, ces deux questions sont liées indissolublement, dis Pestzov. C'est un cercle vicieux. La femme est privée de droits, faute d'instruction ; et de son manque d'instruction, on déduit l'absence de droits. Il ne faut pas oublier que l'asservissement des femmes est si grand et si ancien que souvent nous ne voulons pas comprendre l'abîme qui nous sépare de l'autre sexe.
- Vous avez dit, les droits, reprit Serge Ivanovitch, profitant d'une pause de Pestzov. Vous voulez sans doute parler du droit de remplir les fonctions publiques, celles de jurés, de conseillers municipaux, de présidents des conseils généraux, de membres du parlement ?
- Sans doute.
- Mais, en admettant même qu'exceptionnellement des femmes puissent occuper ces situations, il me semble que vous avez mal choisi le terme. Ce n'est pas "les droits" qu'il convient de dire, mais bien : les devoirs. Chacun sait qu'en exerçant la fonction de juré, de conseiller municipal, de télégraphiste, on remplit un devoir. C'est pourquoi il serait plus juste de dire que les femmes réclament des devoirs ; au reste c'est tout à fait légitime. Aussi ne peut-on que sympathiser à leur désir de prendre leur part de l'activité générale, comme les hommes.
- Parfaitement juste ! confirma Alexis Alexandrovitch. Selon moi toute la question se ramène à ceci : les femmes sont-elles ou non capables de remplir ces devoirs ?
- Elles le seront probablement quand l'instruction sera répandue parmi elles, intervint Stépan Arkadiévitch. Nous le voyons...
- Et le proverbe - je puis le citer devant mes propres filles : "cheveux longs, idées courtes" ? - dit le prince, qui suivait depuis longtemps la conversation et dont les petits yeux moqueurs pétillaient.
- C'était l'opinion qu'on avait des nègres avant leur émancipation, dit méchamment Pestzov.
- Je trouve étrange que les femmes revendiquent de nouveaux devoirs, alors qu'il n'est malheureusement que trop fréquent de voir les hommes se soustraire aux leurs, dit Serge Ivanovitch.
- Oui, mais les devoirs sont accompagnés de privilèges : le pouvoir, l'argent, les honneurs. Et c'est précisément ce que recherchent les femmes, dit Pestzov.
- C'est comme si moi je prétendais au droit d'être nourrice, et me montrais offensé qu'on refusât de me payer à ce titre, alors que les femmes sont rémunérées comme telles, dit le vieux prince.
Tourovtzine éclata d'un rire sonore. Serge Ivanovitch regretta que cette plaisanterie ne fût pas de lui. Alexis Alexandrovitch lui-même sourit.
- Oui, mais l'homme ne peut allaiter, dit Pestzov, tandis que la femme...
- Comment ? Mais un Anglais a nourri son enfant à bord d'un vaisseau, reprit le vieux prince, se permettant cette licence de conversation devant ses filles.
- Autant il y a des Anglais de cette sorte, autant de femmes fonctionnaires, dit cette fois Serge Ivanovitch.
(...)
- Mais nous sommes pour le principe, pour l'idéal ! clama Pestzov de sa basse sonore. La femme veut avoir le droit d'être indépendante, instruite. Et elle est gênée, opprimée, par l'idée qu'il lui est impossible d'y parvenir.
- Et moi je suis opprimé et gêné parce qu'on ne m'accepte point comme nourrice à l'asile des enfants abandonnés, répéta le vieux prince, à la grande joie de Tourovtzine (...)."

Tolstoï, Anna Karénine,
Les Classiques de Poche, 2010,
pp. 490-491.

Le livre est paru en trois volumes en 1878.

Relu avec enthousiasme par Roberte Roberte.

03/06/2011

INVASIONS

P1020136_2.JPG

Il paraît que cela s'appelle ainsi : "Invasions".
On en trouve dans les rues de Paris, Lyon, Grenoble,
Londres, Genève, New York, Hongkong, Melbourne,
Katmandou ; sur la Côte d'Azur...
Le pseudo de l'artiste est "Invader".

P.-S. : voir Libération, samedi 11 et dimanche 12 juin 2011.

 

© photo Anna Livia, Paris, 6 mai 2011.

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