16/05/2018
ART
© photo Anna Livia, Métropolitain parisien, Station Stalingrad, 14 mai 2014.
(Rediffusion.)
10:03 Publié dans Art, Où se pose le regard | Lien permanent
15/05/2018
AUX BIEN PORTANTS
« Les patients se taisent souvent face aux impatients. Je les comprends, et je me tais également ; mais il me semble que nous avons tort. Il serait préférable de mettre la tête des autres dans ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent ni voir, ni savoir, ni imaginer. Il faudrait le faire régulièrement, concrètement, doucement, froidement, au risque de passer pour un être désagréable, rabâcheur, complaisant, agressif, plaintif, douillet – un être qui rend sourd. Il faudrait d'autant plus le faire que ceux qui écoutent ne comprennent, au mieux, que le tiers de ce qu'ils entendent – quand ils sont de bonne volonté : les mots communiquent mal aux bien portants un travail du corps qui les inquiète et auquel, pour la plupart, ils sont étrangers ; les mots ne semblent pas venir du corps qu'ils cherchent à décrire, et ils n'ont aucune chance de le rejoindre si le patient n'insiste pas. La pudeur, l'orgueil, le stoïcisme ? Autant de vertus célébrées que je crois avoir suffisamment pratiquées pour en sentir les limites, l'ambiguïté, et à quel point elles permettent au monde d'oublier la souffrance de ceux qu'au prix de leur silence il prétend respecter. Proust a été malade une grande partie de sa vie et c'est peut-être pour ça, non sans comique de situation, qu'il n'a vu partout que faux semblants, solitude, attitudes et malentendus. La maladie n'est pas une métaphore ; elle est la vie même.»
Philippe Lançon, Le Lambeau,
Éd. Gallimard, 2018, pp. 413-414.
Les lectures de Roberte Roberte.
09:49 Publié dans Blog, Lecture | Lien permanent
13/05/2018
LES VIEUX EXISTENT : LIBÉ LES A RENCONTRÉS
Vieilles et Vieux, futur(e)s Vieilles et Vieux,
À lire absolument, Libération n° 11494 des samedi 12 et dimanche 13 mai 2018, pages 1 à 6 (ou lien ci-dessous).
Articles de Charlotte BELAICH, Paul QUINIO.
Page de couverture : « LES VIEUX DANS LES YEUX. Ils représentent presque 10 % de la population française, pourtant les plus de 75 ans sont éclipsés par une société qui a peur de se confronter au grand âge. "Libération" leur donne la parole. »
Entre autres témoignages fort intéressants :
De la mémoire :
"Ça, la mémoire, ça m'étonne, explique Robert Desplan. On oublie des choses qu'on voit ressurgir avec les événements, mais pourquoi ?" Il y en a d'autres en revanche qui ne disparaissent jamais. Pour lui, "la description de Madame Verdurin" ou "une fable de la Fontaine". "Sur quels critère ? Je ne sais pas... Mais de toute façon, la nature a horreur du vide : si vous perdez quelque chose, vous avez quelque chose d'autre en remplacement. On perd la mémoire, mais ça fait aussi la place dans la tête pour changer les fichiers."
Du corps :
"Perdu, c'est le mot de la vieillesse. On n'arrête pas de perdre et c'est ça qu'il faut accepter, sinon, on va s'empoisonner la vie", juge Paule Giron. (...) "Ce qu'on apprend en vieillissant, c'est de ne jamais être tout à fait dans le même état. Le corps bouge à une vitesse grand V. Il faut accepter ces manques qui vont nous arriver au fur et à mesure. On n'a aucun moyen de les refuser et quand on essaie, on tombe très vite dans le ridicule."
De la perte d'autonomie :
"Retomber dans la dépendance qui est quelque part la dépendance de l'enfance, dont on a eu tant de mal à sortir, ça, ça fait peur", s'inquiète Laure Brandt.
En page 6, ce que déduisent le sociologue Michel Billé et le psychogérontologue Jérôme Pellissier des relations de la société avec ses vieux. Inactifs donc inutiles, encombrants financièrement (et pas seulement), invisibles de préférence car ne sont-ils pas les images tristes et moches de l'avenir qui guette ?
Ce chapitre traite plus spécifiquement du corps. Le prochain traitera de l'esprit, de l'intellect et de la mémoire. Voir Libération.fr
Par la suite, seront abordés la vie sociale et le rapport à la mort.
RadicÔlibres.
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