01/11/2018
VIEUX
« Il allait bientôt avoir quatre-vingts ans et s'était mis à oublier les événements les plus récents mais le passé brillait dans sa mémoire d'un éclat de plus en plus vif comme l'or au fond du Rhin. Le fleuve de sa pensée n'était plus limpide, ses eaux étaient un flot opaque et boueux, et en elles sa conscience perdait lentement prise sur la chronologie, sur ce qui relevait du passé ou du présent, sur ce qui était vérité concrète et ce qui provenait du monde enchanté des rêves. La bibliothèque du temps était en plein désordre, ses classements dérangés, ses index gribouillés ou détruits. Il y avait les bons et les mauvais jours mais, avec le temps, les journées lointaines d'autrefois brillaient plus vivement que la semaine précédente. […] »
Salman Rushdie,
La Maison Golden,
roman traduit de l'anglais par Gérard Meudal,
éd. Actes Sud, août 2018, p. 347.
Les lectures de Roberte Roberte.
09:27 Publié dans Blog, Lecture, Vieilles peaux | Lien permanent
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