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10/10/2018

OUI, MAIS... FAIRE UN SELFIE AVEC LA JOCONDE...

« Au printemps (1960), elle publie dans Daedalus un article qui fera date sur la crise de la culture (1). Prophétisant une société, qu'on le veuille ou non, de masse, "Society and Culture" s'alarme du devenir de la culture dans un environnement où règnent les lois économiques. À société de masse, culture de masse. Hannah Arendt fait l'historique de la notion même de culture. Par essence, la culture est ce qui perdure. Au fil du temps, cette idée même de permanence attachée à l'oeuvre culturelle se désintègre et la culture, d'atteinte de la perfection, d'approche de la beauté, se transforme pour devenir une valeur marchande comme une autre. Ce processus connut son apogée en Allemagne dès les années 1920. Hannah, dans une démonstration lumineuse et aujourd'hui encore provocatrice, prophétise l'éviction de la culture dans cette nouvelle société qu'on nous annonce. Car la société de masse ne veut pas de la culture mais des loisirs. Dans un pressentiment de notre futur d'une finesse et d'une subtilité exceptionnelles, Hannah théorise ce qui ne fait que commencer : l'éradication pure et simple de la culture, réduite à un ghetto parce que jugée inutile dans le champ social de l'industrialisation des loisirs. Elle met l'accent sur la menace que le besoin de loisirs fait peser sur le monde culturel tout entier et dissèque admirablement le processus par lequel la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir. »

1. "Society and Culture", Daedalus, printemps 1960. Cet article donnera son titre à l'ouvrage La Crise de la culture, dont il constitue le chapitre VI, "La crise de la culture. Sa portée sociale et politique", traduit par Barbara Cassin sous la direction de Patrick Lévy, pp. 253-288.

 

in "Dans les pas de Hannah Arendt",
Laure Adler, Gallimard, septembre 2005,
pp. 405-406.

Les lectures de Roberte Roberte.

10:55 Publié dans Art, Blog, Lecture, Philosophie, Politique | Lien permanent

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