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18/03/2016

UN ESPACE PRIVATISÉ

Il se traîne dans la même rame de métro chaque jour au même moment. Encapuchonné, trapu, voûté, pieds nus, l'un de ses mollets est enveloppé d'un bandage, c'est pourquoi il a relevé son pantalon jusqu'au genou. Il passe en gémissant et sanglotant, tend un gobelet en carton et émet des sons étranges d'où émerge parfois le mot "manger". Visiblement il n'inspire aucune compassion : les passagers évitent de le voir ou prennent un air dégoûté.

Un moment, le métro freine, le contraignant à cesser un instant sa marche compulsive. Il stoppe, sans interrompre sa mélopée, devant un jeune homme assis :

"Pousse-toi, dit le jeune homme, tu vois pas que j'téléphone ?".

Roberte Roberte.

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