INTÉGRATION

« […] Je suis de ces intellectuels américains qui pensent que l’histoire du monde repose sur les révolutions anglaise, française et russe, auxquelles j’ai consacré mes premiers essais : La Révolution des saints, où je montre comment les puritains ont paradoxalement permis la révolution anglaise au XVIIe siècle, et Régicide et Révolution. Le procès de Louis XVI. Mais je me suis récemment replongé dans l’étude de l’histoire américaine. Durant les années 1840, une forte immigration irlandaise catholique a déferlé sur le pays. On disait alors que ces réfugiés étaient des criminels ou des papistes, fidèles à Rome, et bien des Américains croyaient qu’ils mettraient à bas la République… Puis ce fut le tour des Italiens, tous présumés anarchistes, et des juifs, tous communistes. L’argument de la menace étrangère ne date pas d’hier. Or si l’intégration est réussie, ce qui a été le cas aux Etats-Unis, ce « danger »  devient le ferment d’une société meilleure et plus riche. » 

 

in Philosophie Magazine, n° 96, février 2016, p. 72,
Idées, L’entretien : Michael Walzer, philosophe.

Les lectures de Roberte Roberte.