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26/12/2013

DE LA CRÉDULITÉ

 

« Si vous éprouvez angoisses et tourments en évoquant votre enfance dans tout ce qu’elle a de simple et de secret, parce que vous ne pouvez plus croire en Dieu qui s’y trouve à chaque pas, alors demandez-vous, cher Monsieur Kappus, si vous avez vraiment perdu Dieu. N’est-ce pas plutôt que vous ne l’avez jamais possédé ? Quand donc, en effet, l’auriez-vous possédé ? Croyez-vous que l’enfant puisse le tenir dans ses bras, Lui que l’homme fait porte avec tant de peine et dont le poids écrase le vieillard ? Croyez-vous que celui qui le possède pourrait le perdre comme on perd un caillou ? Ne pensez-vous pas plutôt que celui qui possède Dieu ne risque pas d’être perdu par Lui ? – Mais si vous reconnaissez que Dieu n’était pas dans votre enfance, et même qu’il n’était pas avant vous, si vous pressentez que le Christ a été dupe de son amour, comme Mahomet le fut de son orgueil, si vous éprouvez avec effroi le sentiment, à l’heure même où nous parlons de Lui, que Dieu n’est pas, comment donc vous manquerait-il, ainsi que vous manquerait un passé, puisqu’il n’a jamais été, et pourquoi le chercher comme si vous l’aviez perdu ? »

Rainer-Maria Rilke,
Lettres à un jeune poète,
Éditions Grasset, 1971, pp. 66-67. 


Je retrouve ce texte, en rangeant des livres et j'éprouve une joie certaine à rencontrer la personne que j'étais à vingt ans, puisqu'y est souligné ce que je soulignerais aujourd'hui encore (mais pas directement sur le livre !). Bien davantage d'empathie qu'à regarder une photographie de l'époque qui me renvoie à mon âge canonique.

Roberte Roberte.

09:56 Publié dans Blog, Lecture, Religion | Lien permanent

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