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27/10/2012

AMOUR, de Michael Haneke

(La mort des vieux n’est pas scandaleuse. La tendance serait plutôt de penser que c’est leur longévité qui l’est.)

Il y a ce couple tellement « bien assorti ». Après probablement des décennies de vie commune, chacun est cependant resté soi-même, cela s’entend au phrasé singulier de l’un et de l’autre.

Suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) et à une intervention chirurgicale ratée, elle entame le lent chemin qui mène à la mort, avec le déclin progressif de ses facultés physiques puis intellectuelles. Elle lui a fait promettre qu’elle ne retournerait pas à l’hôpital et elle n’y retournera pas.

 

Recevoir ce film quand on est soi-même âgé, c’est en même temps faire face à une perspective envisageable et à des souvenirs jamais vraiment enfouis. On l’admire, lui, qui tient sa promesse et emprunte le même tunnel obscur et sans air. Ce qui pourrait parvenir du dehors est importun. De la déchéance, il veut rester l’unique témoin chaque jour plus fantomatique.

De la maladie et des soins, rien n’est épargné au regardeur qui se souvient avoir, en d’autres temps et pour d’autres liens, fui l’hôpital, coupable, inquiet mais disponible à tout ce qui pourrait le distraire.

Plus tard, dans l’appartement d’où ont disparu les miasmes, leur fille s’assoit dans le fauteuil qu’occupait son père quelque temps auparavant. Elle regarde ce qui l’entoure. Il est bien possible que ce qui l’entoure, sans ses parents, n’existe plus. Leur chapitre est clos.

 

Amour, c’est un vrai film d’amour mais d’un tel réalisme que le spectateur, anéanti, voudrait pouvoir faire fiction comme échappatoire.  Peut-être suffit-il de tirer la porte derrière soi pour aller, vivant parmi les vivants, écouter un Impromptu de Schubert.

© Roberte Roberte.

 

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