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19/09/2012

PIERRE

Je suis à La Poste. Une longue file d'attente. Mais les gens de La Poste sont gentils. Ils sont un peu comme des mouches, autour de vous, ils ne savent que faire et puis, ils finissent par vous dire : "Attendez, ça va bientôt être votre tour".

Il commence à faire frais. Devant moi, un monsieur a relevé le col de son manteau. Maintenant, je sais qu'il s'appelle Pierre Cardin. C'est écrit plutôt gros et fermement cousu, juste au-dessous de son col relevé. Je trouve ça un peu curieux : quand les enfants allaient en classe verte ou en colonie de vacances, je cousais aussi leur nom, mais plutôt à l'intérieur, discrètement. Sous le col, ce n'est pas une mauvaise idée, c'est sûr, à condition de ne pas le relever, le col.

Le monsieur tient son chapeau de la main gauche. Et puis, il le pose sur le comptoir. Il effectue sa démarche postale et s'en va. À mon tour, j'effectue ma démarche mais un chapeau me gêne : celui de Pierre Cardin. Aussitôt terminé mon travail d'écriture, je sors du Bureau de Poste, brandissant le couvre-chef et j'aperçois, déjà loin, Pierre Cardin. Je crie : "Monsieur Cardin, Monsieur Cardin !" mais il ne semble pas m'entendre. Je cours. Je me laisse aller à le héler avec véhémence : "Pierre, Pierre !" comme dans un film d'il y a longtemps. Je pense au Pierre de Barbara et l'autre, qui n'est ni le héros d'un film ni le Pierre de Barbara, disparaît de ma vue.

Alors, je retourne au Bureau de Poste. Je dépose le chapeau sur le comptoir.
Tant pis, Pierre.

© Roberte Roberte, octobre 2011.

 

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