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17/12/2019

UNE POLITIQUE DE L'INSENSIBLE

« […] Nicolas Truong :
Quelle est la vision de l'individu et de la
société véhiculée par la politique d'Emmanuel Macron ?

Myriam Revault d'Allonnes :
Sur la vision de la société que nous propose le macronisme, plusieurs points méritent, selon moi, d'être soulignés. Je voudrais ici m'attacher à la perspective d'une "anthropologie politique" qui déborde les seules décisions politiques et même les seuls mécanismes institutionnels. On ne rappellera jamais assez qu'une forme de société (au premier chef la démocratie) n'est pas seulement un ensemble de dispositifs juridico-politiques, un mode d'agencement et de répartition du pouvoir. C'est aussi un horizon de sens et un ensemble d'expériences, autrement dit une manière de vivre (ou de ne pas vivre) ensemble. Il importe alors de se demander quelle vision on nous propose aujourd'hui de l'individu et de ses rapports avec la société, vision dont le macronisme n'et sans doute que l'emblème ou la pointe avancée. […]

Nicolas Truong :
Le macronisme est-il, selon vous, un néolibéralisme ?

Myriam Revault d'Allonnes :
Derrière les discours officiels qui en appellent à la solidarité et à l'universalité, notamment à travers le projet de réforme des retraites, aucun pouvoir n'a assumé avec autant de clarté l'idée que la politique relevait avant tout d'une gestion calculante, venant en lieu et place d'une réflexion à long terme sur les fins ultimes de la société dans laquelle nous voulons vivre. Le processus qui veut que la société soit régie sur le modèle de l'entreprise n'est certes pas nouveau. Il caractérise ce qu'on appelle, faute de mieux, la "rationalité néolibérale" pour qui la politique doit être soumise aux mêmes critères que ceux du management. Ce sont des constats bien connus et sur lesquels il est inutile de revenir. À cet égard, le macronisme n'est pas une invention politique, mais l'aboutissement d'un processus de longue durée. Le "nouveau monde" n'a rien de nouveau, si ce n'est la proclamation explicite, non dissimulée, d'un certain nombre d'impératifs étroitement associés à une vision utilitariste du social. Et, encore une fois, cette vision utilitariste affecte profondément la manière dont on appréhende les sujets politiques : le nouveau modèle de subjectivisation proposé aux individus est celui d'un sujet rationnel, entrepreneur de soi-même, performant, soustrait par le calcul et la prévision aux aléas de la contingence et débarrassé du même coup des déchirements intérieurs, des contradictions et des paradoxes qui font sa richesse. À cet égard, le macronisme est une politique de l'insensible. » […]

 

Extraits des propos de Myriam Revault d'Allonnes, philosophe,
recueillis par Nicolas Truong,
"Le macronisme est une politique de l'insensible"
in Journal Le Monde, 17 décembre 2019,
n° 23307, IDÉES, p. 32.

Les lectures de Roberte Roberte (qui a souligné).

17:43 Publié dans Blog, Politique, Presse | Lien permanent

16/12/2019

SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT...

« […] Olivier Pascal-Moussellard :
Selon le gouvernement, il faut réformer pour simplifier, mais aussi pour combler un gouffre financier...

Éric Heyer, économiste :
Cet argument n'est pas tout à fait honnête. Il prend pour référence les conclusions du COR – Conseil d'orientation des retraites – qui affirme qu'à l'horizon 2025 il y aurait entre 7 et 14 milliards d'euros de déficit. D'une part, ceci n'est pas un gouffre. D'autre part, ce déficit n'est pas lié pour l'essentiel à l'augmentation des dépenses de retraite mais au fait que les recettes... baissent ! Et si elles baissent, c'est parce que l'État a pris des décisions cavalières en défiscalisant les heures supplémentaires, longtemps sujettes aux cotisations retraite. L'État aurait dû compenser le manque à gagner, il ne l'a pas fait. En outre, la masse salariale des fonctionnaires progresse moins vite que prévu, car le gouvernement a gelé le point de la fonction publique et n'a pas remplacé les nombreux départs dans ce secteur – il y a donc moins de recettes à la clef. En réduisant son propre déficit, l'État a aggravé celui des caisses de retraite... » […]

Extrait de
"TOUCHE PAS À MON MODÈLE SOCIAL !"
Propos recueillis
par Olivier Pascal-Moussellard,
in Télérama, n° 3648,
du 14 au 20 décembre 2019, p. 28.

Les lectures de Roberte Roberte.

12:46 Publié dans Blog, Lecture, Presse | Lien permanent

15/12/2019

DES QUESTIONS ?

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© Almanach Hachette, 1935.

 

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Boîte aux lettres, 2019.

 

10:00 Publié dans Blog, Où se pose le regard | Lien permanent