13/01/2019
CHANTIER
© photo Anna Livia, Paris Bastille, 13 janvier 2019.
19:57 Publié dans Blog, Où se pose le regard, Politique | Lien permanent
12/01/2019
DES TÊTES TOUTES MARRANTES
« Ils se promènent en ville, elle l'accompagne acheter une veste. Dans des magasins qui la mettent mal à l'aise jusqu'à l'attaque de panique. […].
Les prix affichés en vitrine ressemblent à une mauvaise blague. Tout ici est comme si elle et tous ceux qu'elle connaît n'étaient rien*, pas en train de couler à pic, ils font comme si de rien n'était parce qu'ils en ont les moyens. Et elle, en face, son RMI, ses potes crasseux, ses meubles Ikéa qu'ils sont déjà contents de pouvoir se payer puisque ça veut dire qu'ils ont un appartement, leurs petits arrangements et mille façons de survivre, elle sent son univers entier écrasé par l'arrogance de ces vitrines, ces tarifs et ces gens − les vieilles se font refaire le visage et attrapent des têtes toutes marrantes. Elle aimerait le prendre à la rigolade. Ils marchent tous très droits, convaincus de leur importance. »
Virginie Despentes,
By Bye Blondie, 2006,
Édition 17 − mars 2018,
Le Livre de Poche, pp. 176-177.
Les lectures de Roberte Roberte.
*Le "rien", c'est moi qui souligne, ça devrait dire quelque chose au lecteur ou à la lectrice.
Sinon, voir dans ce blog "De tout et de rien", 13 juillet 2017.
(Rediffusion.)
13:50 Publié dans Blog, Lecture, Politique, Vieilles peaux | Lien permanent
02/01/2019
LE PAVILLON
« […] Sa mère a toujours travaillé, elle gagnait moins à la fin qu'au commencement, c'est tout dire. Quant à son père, il a passé sa vie dans les silos, finissant dans un poumon de métal, comme c'est l'usage une fois qu'on a respiré trente ans de poussière de grain. Qu'elle le veuille ou non, Rita appartient à ce monde où les gens meurent au travail. Elle voit ces gens qui ferment leur gueule, encaissent, grattent à la fin du mois et qui ne trouvent presque rien à y redire. Pourvu qu'ils finissent dans leurs murs, le pavillon comme résumé des peines, trente ans de dette et puis crever. […] »
Nicolas Mathieu,
Aux animaux la guerre,
Roman, Babel noir, novembre 2018, p. 353.
Première édition, Actes Sud, janvier 2016.
Les lectures de Roberte Roberte.
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