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12/11/2016

LA PEINE DE VOIR

« […] Nous passâmes alors notre temps à nous abrutir devant des écrans. Télévisions, ordinateurs, portables : tout est bon pour qui veut se donner la peine de voir. On connaît bien, maintenant, l’effet anesthésiant de ces flux d’images, déversés par les chaînes d’information continue, ces grandes pourvoyeuses de plans de coupe : voitures de police, officiels se rendant sur place, experts de plateaux télé. Tout ce fatras ne fait qu’envelopper un point aveugle que, durant plusieurs jours, nous appellerons, faute de mieux sidération. […] »

Patrick Boucheron,
Mathieu Riboulet,
Prendre dates,
Paris, 6 janvier – 14 janvier 2015
Éditions Verdier, p. 35.

09:38 Publié dans Actualité, Blog | Lien permanent

09/11/2016

USA

 

Trumpery.

 

 

09:35 Publié dans Actualité, Blog, Politique | Lien permanent

08/11/2016

LA BOÎTE À CRAYONS

« […] Tant qu’on est encore jeune, on ne comprend rien de la cruauté de ce qui arrive, fatalement. On le sait, pourtant. Mais on ne réalise pas. Comme toutes les jeunes filles, Sylvie pensait que sa beauté était une qualité qui lui appartenait : elle vieillirait, mais elle resterait belle. Être enfermée dans sa peau est devenu une tragédie, une injustice terrible dont elle ne peut se plaindre à quiconque. Très longtemps, elle a cru qu’en s’entretenant, tout irait bien.

Ça s’est arrêté un été. Elle était sous la douche, pour rafraîchir la brûlure du soleil et rincer le sel. En s’essuyant, elle avait été surprise de sentir un peu de sable sous ses seins. Puis l’évidence l’avait frappée. Elle était restée stupéfaite, transpercée d’une flèche invisible. En plein cœur. Elle venait de comprendre : une fois qu’ils tombent il faut penser à les soulever pour les rincer. Le test du crayon lui était revenu en tête – quand elle était petite, les femmes parlaient de ça : si le crayon glissé sous les seins ne tombe pas, c’est foutu. […] »

Vernon Subutex, © Virginie Despentes,
éd. Grasset & Fasquelle, 2015.
in "Le Livre de Poche", avril 2016, T.1, pp. 152-153.

Les lectures de Roberte Roberte.