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15/03/2019

REPORTEURS

"Pourtant dociles dans leur ensemble, puissants relais de la pensée impériale, les périodiques avaient été hélas rongés en peu d'années par l'apparition d'un système électronique planétaire où se déversaient les rumeurs et des images floues. N'importe quel témoin d'émeute, d'accident d'autocar ou de la danse d'un cachalot au large de Sainte-Maxime s'improvisait reporteur. Cela affectait une corporation entière, et les grands photographes n'avaient plus les moyens de barouder, emportés qu'ils étaient par le flot des amateurs. L'anecdote l'emportait sur l'analyse, le ragot sur les faits, la photo tremblée sur les mots, le commerce sur le savoir. Une sourde menace planait. La tension montait dans les gazettes de l'Empire, qu'elles fussent écrites, parlées ou filmées, et des êtres apeurés rôdaient dans les couloirs des rédactions."

Patrick RAMBAUD, de l'académie Goncourt,
"Troisième chronique du règne de Nicolas Ier",
Grasset, décembre 2009, pp. 50-51.

(Rediffusion.)

23:35 Publié dans Blog, Lecture, Médias | Lien permanent

14/03/2019

VIEILLE PEAU

P1000836_2.JPGJ'achète (très cher) cet onguent pour le visage de chez (devinez) : eh oui ! Donc, j'ai renoncé à ma visite annuelle à l'esthéticienne. Mais voilà qu'elle me propose une remise intéressante sur le "SOIN". Comme mon nez disparaît sous les comédons (que j'ai depuis longtemps renoncé à extirper), comme l'hiver n'en finit pas, je rêve de beauté autant que d'autres de gagner au loto. Alors, j'y vais. Je veux un soin "liftant" (évidemment), des bretelles à bajoues, en quelque sorte.
L'esthéticienne (catastrophée, après consultation de "ma fiche") : "Mais votre peau s'est très abîmée, depuis... 2007."
C'est un véritable choc et je ne trouve rien à dire.
L'esthéticienne : "Le soin que vous avez choisi ne convient pas, il faut quelque chose de plus doux."
Moi : "Je vous fais confiance."
L'esthéticienne : "Vous ne serez pas déçue."
D'abord, supplice de l'extraction des points noirs. Puis, après application d'onguents divers et manipulations faciales, voici mon visage aussi préservé que celui d'une momie : des ouvertures ont cependant été pratiquées dans la gaze pour voir et respirer. Une musique d'ascenseur m'est soudain dispensée sans que je sois consultée, la lumière s'éteint et me voici seule dans la cellule.
Une perfide voix intérieure me murmure : "Qu'as-tu fait de ta peau ? Qu'as-tu fait de ta peau ?"
A vrai dire, j'étouffe et grande est la tentation d'arracher le masque et de prendre la fuite.
Soudain, j'ai la vision de ce qui va survenir : dans le miroir, le visage d'une écorchée. Ma peau, ma vieille peau, n'y résistera pas ! L'irruption de la professionnelle en "SOIN" interrompt le délire. Me voici délivrée et "la peau douce" dit-elle. Pour sûr !
Je paye et sors à la hâte. "Il faudrait que j'arrête de fumer" pense-je en allumant machinalement une cigarette.

Roberte Roberte.

Rediffusion d'un texte du 13 mars 2010.
(Neuf ans après, évidemment, c'est bien pire !)

 

22:54 Publié dans Blog | Lien permanent

13/03/2019

CONSTAT

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© photo Anna Livia, Paris 10e, 13 février 2019.

10:01 Publié dans Blog, Où se pose le regard | Lien permanent | Tags : mots de la rue