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19/12/2019

SERVIS À POINTS ?

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© photo Claire L., Paris, 17 décembre 2019.

18/12/2019

JOURNÉE INTERNATIONALE DES MIGRANTS

Dans Paris, ils ne marchent pas à cause de la grève : ils marchaient avant ; ils marcheront après, faute d'hébergement. Ils sont souvent jeunes (et beaux), repérables à leurs petits sacs à dos, solitaires ou par poignées... oubliés sur le pavé de la ville dont ils rêvaient.

Roberte Roberte.

17/12/2019

UNE POLITIQUE DE L'INSENSIBLE

« […] Nicolas Truong :
Quelle est la vision de l'individu et de la
société véhiculée par la politique d'Emmanuel Macron ?

Myriam Revault d'Allonnes :
Sur la vision de la société que nous propose le macronisme, plusieurs points méritent, selon moi, d'être soulignés. Je voudrais ici m'attacher à la perspective d'une "anthropologie politique" qui déborde les seules décisions politiques et même les seuls mécanismes institutionnels. On ne rappellera jamais assez qu'une forme de société (au premier chef la démocratie) n'est pas seulement un ensemble de dispositifs juridico-politiques, un mode d'agencement et de répartition du pouvoir. C'est aussi un horizon de sens et un ensemble d'expériences, autrement dit une manière de vivre (ou de ne pas vivre) ensemble. Il importe alors de se demander quelle vision on nous propose aujourd'hui de l'individu et de ses rapports avec la société, vision dont le macronisme n'et sans doute que l'emblème ou la pointe avancée. […]

Nicolas Truong :
Le macronisme est-il, selon vous, un néolibéralisme ?

Myriam Revault d'Allonnes :
Derrière les discours officiels qui en appellent à la solidarité et à l'universalité, notamment à travers le projet de réforme des retraites, aucun pouvoir n'a assumé avec autant de clarté l'idée que la politique relevait avant tout d'une gestion calculante, venant en lieu et place d'une réflexion à long terme sur les fins ultimes de la société dans laquelle nous voulons vivre. Le processus qui veut que la société soit régie sur le modèle de l'entreprise n'est certes pas nouveau. Il caractérise ce qu'on appelle, faute de mieux, la "rationalité néolibérale" pour qui la politique doit être soumise aux mêmes critères que ceux du management. Ce sont des constats bien connus et sur lesquels il est inutile de revenir. À cet égard, le macronisme n'est pas une invention politique, mais l'aboutissement d'un processus de longue durée. Le "nouveau monde" n'a rien de nouveau, si ce n'est la proclamation explicite, non dissimulée, d'un certain nombre d'impératifs étroitement associés à une vision utilitariste du social. Et, encore une fois, cette vision utilitariste affecte profondément la manière dont on appréhende les sujets politiques : le nouveau modèle de subjectivisation proposé aux individus est celui d'un sujet rationnel, entrepreneur de soi-même, performant, soustrait par le calcul et la prévision aux aléas de la contingence et débarrassé du même coup des déchirements intérieurs, des contradictions et des paradoxes qui font sa richesse. À cet égard, le macronisme est une politique de l'insensible. » […]

 

Extraits des propos de Myriam Revault d'Allonnes, philosophe,
recueillis par Nicolas Truong,
"Le macronisme est une politique de l'insensible"
in Journal Le Monde, 17 décembre 2019,
n° 23307, IDÉES, p. 32.

Les lectures de Roberte Roberte (qui a souligné).

17:43 Publié dans Blog, Politique, Presse | Lien permanent