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09/05/2023

EHPAD : UN MÊME DÉSESPOIR

⌈...⌉

Libération, Adrien Naselli :

« Qu'est-ce que la vieillesse fait à la classe sociale ?

 

Didier Eribon :

La maison de retraite où a été admise ma mère est un établissement public, qui présente une certaine homogénéité sociale : elle accueille principalement des gens des classes populaires. Le manque permanent d'effectifs rend la situation difficile pour les résidents : ma mère ne pouvait prendre une douche qu'une fois par semaine ; le médecin m'a expliqué qu'il fallait deux aides-soignants hommes pour la lever, et cela n'était possible qu'une fois par semaine. Victor Castanet dans les Fossoyeurs a montré que les conditions ne sont pas meilleures dans le privé...
À cet égard, si les appartenances de classe perdurent, il faut les laisser de côté pour pouvoir constituer la vieillesse en une catégorie spécifique. Certes, une personne âgée d'un  milieu ouvrier n'aura pas exactement la même condition physique qu'une personne d'un milieu bourgeois. Mais il y a une question spécifique des personnes âgées, qui dépasse l'analyse en termes de classes sociales. Une femme de la bourgeoisie dans une maison de retraite appartient au fond à la même catégorie qu'une femme du peuple comme ma mère : ce sont deux personnes âgées qui voudraient prendre une douche et qui ne peuvent plus le faire seules. Elles partagent quelque chose de fondamental. Et l'une comme l'autre ont besoin de porte-parole.* »

Extrait des propos de Didier Eribon
relatifs à son dernier livre :
Vie, Vieillesse et mort d'une
femme du peuple,
éd. Flammarion.
in Libération n° 13022, 9 mai 2023,
pp. 16 et 17.

*C'est RadicÔlibres qui souligne.

15:45 Publié dans Blog, Vieilles peaux | Lien permanent