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15/03/2019

REPORTEURS

"Pourtant dociles dans leur ensemble, puissants relais de la pensée impériale, les périodiques avaient été hélas rongés en peu d'années par l'apparition d'un système électronique planétaire où se déversaient les rumeurs et des images floues. N'importe quel témoin d'émeute, d'accident d'autocar ou de la danse d'un cachalot au large de Sainte-Maxime s'improvisait reporteur. Cela affectait une corporation entière, et les grands photographes n'avaient plus les moyens de barouder, emportés qu'ils étaient par le flot des amateurs. L'anecdote l'emportait sur l'analyse, le ragot sur les faits, la photo tremblée sur les mots, le commerce sur le savoir. Une sourde menace planait. La tension montait dans les gazettes de l'Empire, qu'elles fussent écrites, parlées ou filmées, et des êtres apeurés rôdaient dans les couloirs des rédactions."

Patrick RAMBAUD, de l'académie Goncourt,
"Troisième chronique du règne de Nicolas Ier",
Grasset, décembre 2009, pp. 50-51.

(Rediffusion.)

23:35 Publié dans Blog, Lecture, Médias | Lien permanent